Pirates et corsaires, un aléa limité par la Levant Company pour les marchands battant pavillon anglais
Résumé
Hazards and maritime transport are intimately linked, which is why the first insurance contract, the big adventure loan, was born in the context of the naval transport of goods. Among the list of perils that threaten traders traveling by sea, piracy is a historical constant. From the capture of Julius Caesar in 75 BC to the Maersk Alabama hostage taking in 2009. Faced with this threat, States, commercial companies and merchants are adapting in order to maintain trading activities. In the 17th century, England, still not very present in the Mediterranean, particularly in the eastern Mediterranean, was forced to delegate the management of this risk to one of its chartered companies, the Levant Company. It is up to this mercantile structure to face the many corsairs and Barbary pirates, Turkish, Spanish, French… Who then infest the waters of the Mediterranean sea.
What are the means implemented by the Levant Company to allow the management of the hazard of piracy?
The study of the Levant Company is only possible thanks to the archive fund SP105 of the british national archives present in Kew, in west London. The sources allowing the presentation are therefore in their majority directly taken from the minute books and the correspondence of the British trading company. This information makes it possible to see how this hazard management is organized by following the point of view of the main actor. The first contribution of this documentation is to establish the complete autonomy of the Levant in the management of this risk. In the golden age of piracy, the commercial structure is therefore alone, and forced to put in place measures a priori, to avoid pirate attacks, but also a posteriori to limit the consequences of said attacks. A priori measures are of two types. Diplomatic, through the English ambassador within the Ottoman Empire, but also through the consuls appointed by the company. These actors must remind the Ottoman sultans that the capitulations between the two states must be respected. The measures are also of a military nature, with the establishment of armed convoys sailing between the Levant and the Kingdom of England to ensure the continuity of trade in complete safety. A posteriori measures are also of two types. Legal, with the establishment of insurance to reimburse the merchants who sail within the convoys. The Levant Company thus implementing real risk management. And in the humanitarian field, with the recovery of captives, whether or not they are members of the company, the only condition being that they are subjects of the monarch of England. The Levant must redeem or negotiate the lives of prisoners to rescue them from the clutches of their captors.
Aléa et transport maritime sont intimement liés, raison pour laquelle le premier contrat d’assurance, le prêt à la grosse aventure est né dans le cadre de l’acheminement naval des marchandises. Parmi la liste des périls qui menacent les commerçants circulant par voie de mer, la piraterie est une constante historique. De la capture de Jules César en 75 avant Jésus-Christ à la prise d’otage du Maersk Alabama en 2009. Face à cette menace, les Etats, les compagnies commerciales et les marchands s'adaptent afin de maintenir des activités de négoce. Au XVIIème siècle, l’Angleterre encore peu présente en Méditerranée, notamment en Méditerranée orientale, est contrainte de déléguer la gestion de ce risque à une de ses compagnies à charte, la Levant Company. C’est à cette structure mercantile de faire face aux nombreux corsaires et pirates barbaresques, turcs, espagnols, français … Qui infestent alors les eaux de la Grande Verte.
Quels sont les moyens mis en œuvre par la Levant Company pour permettre la gestion de l’aléa de piraterie ?
L’étude de la Levant Company est uniquement possible grâce au fond d’archives SP105 des british national archives présentes à Kew, dans l’ouest londonien. Les sources permettant la présentation sont donc dans leur majorité directement issues des minute books et de la correspondance de la compagnie commerciale britannique. Ces informations permettent de voir comment s'organise cette gestion de l’aléa en suivant le point de vue du principal acteur. Le premier apport de cette documentation est d’établir l’autonomie complète de la Levant dans la gestion de ce risque. En plein âge d’or de la piraterie , la structure commerciale est donc seule, et contrainte de mettre en place des mesures a priori, pour éviter des attaques de pirates, mais également a posteriori pour limiter les conséquences desdites agressions. Les mesures a priori sont de deux natures. Diplomatiques, par le biais l’ambassadeur anglais au sein de l’empire ottoman, mais aussi par les consuls nommés par la compagnie. Ces acteurs se doivent de rappeler aux sultans ottomans que les capitulations entre les deux Etats doivent être respectées. Les mesures sont aussi de nature militaire, avec la mise en place de convois armés voguant entre le Levant et le Royaume d’Angleterre pour assurer la continuité des échanges en toute sécurité. Les mesures a posteriori sont également de deux natures. Juridique, avec la mise en place d’assurances pour rembourser les marchands qui voguent au sein des convois. La Levant Company mettant ainsi en place une vraie gestion du risque. Et dans le domaine humanitaire, avec la récupération des captifs, qu’ils soient ou non membres de la compagnie, la seule condition étant qu’ils soient sujets du monarque d’Angleterre. La Levant se doit de racheter ou négocier la vie des prisonniers pour les tirer des griffes de leurs ravisseurs.