Les contes fantastiques de l’État, Comptabilité
Résumé
Issue 14 of Comptabilité(s), Revue d'histoire de la comptabilité is a nod to Jules Ferry's pamphlet Les comptes fantastiques d'Haussmann, which denounced the expenditure incurred by the Prefect of Paris on urban development during the Second Empire. The reference is an indirect one, since the aim here is to use a few examples to show how government departments put into words, content or tell the story of how they manage their budgets, how they allocate resources and organise the control of spending and the proper use of public finances. The dossier is entitled "Fantastic Tales of the State". The contributions address an issue that is consubstantial with the organisation of modern States: that of the accounting and budgetary management of both its missions and the administrations that carry them out. It is clear that, whatever the geographical or political configuration, money is the 'sinews of war'. It is at the heart of the exercise of public power, essential to the implementation of its programmes, the financing of government departments and the work and remuneration of its employees. Over the course of almost five centuries, and covering a wide range of areas and forms in which public authority has been built up, the contributions in this volume are a spotlight on the issues involved in running and managing the State. We look at the different statuses of state organisation, whether it is undergoing reform, facing multifaceted crises or rooted in day-to-day operations that are (wrongly?) perceived as standardised. Over a very long period, reading the dossier reveals sometimes paradoxical points of interest around this process, contributing to the renewal of the history of the State.
Ce numéro 14 de Comptabilité(s), Revue d’histoire de la comptabilité est un clin d’œil au pamphlet de Jules Ferry Les comptes fantastiques d’Haussmann qui dénonçait les dépenses engagées par le Préfet de Paris pour les aménagements urbains pendant le Second Empire. Le clin d’œil est indirect puisqu’il s’agit ici de préciser à travers quelques exemples comment les services de l’État mettent en récit, content ou racontent la façon dont ils gèrent leurs budgets, la manière dont ils affectent les ressources et organisent le contrôle des dépenses et du bon usage des finances publiques. Le dossier s’intitule les « contes fantastiques de l’État ». Les contributions rassemblées envisagent une question consubstantielle de l’organisation des États modernes : celle de la gestion comptable et budgétaire tant de ses missions que des administrations qui les exercent. On le constate, quelles que soient les configurations géographiques ou politiques, l’argent est le « nerf de la guerre ». Il est au cœur de l’exercice de la puissance publique, indispensable à la mise en œuvre de ses programmes, au financement des administrations et au travail et à la rémunération de ses agents. Sur près de cinq siècles, autour de multiples espaces et formes de construction de l’autorité publique, les contributions rassemblées représentent autant de coups de projecteur sur les enjeux du fonctionnement et de la gestion de l’État. Nous nous y intéressons à différents statuts de l’organisation étatique, qu’elle soit en réforme, confrontée à des crises multiformes ou ancrée dans un fonctionnement quotidien et de ce fait perçu (abusivement ?) comme normalisé. Sur la très longue durée, la lecture du dossier donne ainsi à voir des points d’intérêts parfois paradoxaux autour de ce processus, contribuant au renouveau de l’histoire de l’État