Le communalisme naît-il de la Commune ?
Résumé
The Paris Commune, a recurrent reference for the various experiments promoting communalism or municipalism, paradoxically constitutes a weak model, or even a counter-model, for the main theorist of communalism, Murray Bookchin. Here we analyze his critique of the centralism of the 1871 experiment and of Marx’s celebration of it, and seek to understand why, by contrast, the Commune remains an important source of inspiration for current proponents of neo-municipalism. In order to further question the possible contribution of the Paris Commune to communalist or municipalist traditions, we then return to what historical work allows us to affirm about the reality of the Communard experience. If it expresses a will to establish a democratic and social Republic based on communalism, it is necessary to go beyond the scale of the Council of the Commune and its commissions to see the existence of a direct democracy in the neighborhood, based on the assemblies of popular organizations.
La Commune de Paris, référence récurrente des diverses expériences se réclamant du communalisme ou du municipalisme, constitue paradoxalement un modèle faible, voire un contre-modèle, pour le principal théoricien du communalisme, Murray Bookchin. Nous analysons ici la critique que ce dernier élabore du centralisme de l’expérience de 1871 et de sa célébration par Marx, et cherchons à comprendre pourquoi, par contraste, la Commune n’en reste pas moins une source d’inspiration importante pour les promoteurs actuels du néo-municipalisme. Pour interroger plus avant l’apport possible de la Commune de Paris aux traditions communalistes ou municipalistes, nous revenons ensuite à ce que les travaux historiques permettent d’affirmer quant à la réalité de l’expérience communarde. Si elle exprime bel et bien une volonté d’instaurer une République démocratique et sociale adossée au communalisme, il faut dépasser la seule échelle du Conseil de la Commune et de ses commissions, pour constater l’existence d’une démocratie directe de quartier, fondée sur les assemblées des organisations populaires.