Jusqu'au début des années 1990, le PCF disposait d'un réseau d'écoles pour former et conformer ses militants et ses cadres à son idéologie officielle. Ces instances de socialisation partisane constituent une focale privilégiée pour étudier les processus d'idéologisation de l'engagement. A travers des entretiens avec des militants ayant fait leurs classes sur les bancs des écoles du parti, cet article rend compte des logiques d'appropriation des schèmes de pensée et des visions du monde promus par les dirigeants et les précepteurs communistes. L'analyse montre comment, pour des militants d'origine populaire, l'idéologie instillée par l'institution pouvait entrer en résonance avec une perception clivée du monde social, acquise le plus souvent dès l'enfance.