Counting the Dead in Nursing Homes during the COVID-19 Pandemic
Résumé
This paper analyzes the genesis and consolidation of the “statistical argument” (Desrosières 2008) of mortality during the pandemic. Public health data are approached from the perspective of “biopower” which can be read as a statization of life, combining the power of both science and the state. The authors explore the social conditions of the production and dissemination of mortality data in French nursing homes in a period of strong uncertainty. The web of interactions between agencies of public health generates vagueness and uncertainty, but also weak and fragile data, in a period nevertheless marked by the centralization of power. The fragility of mortality data is mirrored by the fragility of the nursing home as institution—an expression of numerous fallibilities, in particular economic (lack of resources), symbolic (out-of-sight situations) and institutional (tension between health and social care).
Cet article analyse la genèse et la consolidation de "l'argument statistique" (Desrosières 2008) de la mortalité pendant la pandémie. Les données de santé publique sont abordées sous l'angle du " biopouvoir " qui peut être lu comme une étatisation de la vie, combinant le pouvoir de la science et celui de l'État. Les auteurs explorent les conditions sociales de la production et de la diffusion des données de mortalité dans les maisons de retraite françaises dans une période de forte incertitude. Le réseau d'interactions entre les agences de santé publique génère du flou et de l'incertitude, mais aussi des données faibles et fragiles, dans une période pourtant marquée par la centralisation du pouvoir. La fragilité des données de mortalité renvoie ainsi à celle des EHPAD en tant qu'institution, expression de nombreuses fragilités, notamment économiques (manque de moyens), symboliques (situations de non-visibilité) et institutionnelles (tension entre le sanitaire et le social).