Du côté du charismatique
Résumé
Randall Collins est sans doute un des sociologues américains les plus importants et les plus inventifs. Son dernier livre, qui porte sur le charisme, confirme cette impression. Bien que court, l’ouvrage s’avère particulièrement stimulant, en renouvelant la façon dont on peut penser cet objet classique des sciences sociales. Le caractère heuristique de l’approche qu’il propose tient à une série de choix forts.
Le premier réside dans l’ancrage résolument empirique des analyses fournies. Là où une large partie de la littérature académique consacrée au charisme consiste en des discussions toujours recommencées, et d’une cumulativité limitée, de l’œuvre de Max Weber, Collins entend faire progresser la connaissance que l’on en a à partir d’études de cas. C’est ainsi qu’il s’intéresse successivement à Jésus, Thomas Edward Lawrence (connu sous le nom de Lawrence d’Arabie), Jeanne d’Arc, Cléopâtre, Jiang Qing (l’épouse de Mao), Marilyn Monroe, Eleanor Roosevelt et Adolf Hitler, sans omettre les références à Napoléon et Steve Jobs (qu’il avait étudiés plus longuement dans son livre précédent, Napoleon Never Slept, coécrit avec Maren McConnell).