Entre système centralisé et placenta local. Les universités françaises et leur enracinement local sous la Troisième République
Résumé
« Il faut que les universités, outre leurs devoirs généraux envers le pays, sachent qu’elles ont des devoirs particuliers envers la cité qui les porte et la région sur laquelle elles rayonnent […]. Elles conservent toujours avec l’État un cordon nourricier. Mais il faut aussi qu’elles soient enveloppées d’un placenta local. Il faut qu’elles trouvent sur place des sympathies, des stimulants, des sucs particuliers et de l’argent, beaucoup d’argent ». Ainsi s’exprime dans Universités et facultés, le directeur de l’Enseignement supérieur Louis Liard qui réalise à ce poste (1884-1902) une œuvre majeure de réforme des structures de l’enseignement supérieur français. Notre contribution propose de s’intéresser à cette « territorialisation » des facultés, même si le terme est impropre pour l’époque et caractérise surtout nos universités contemporaines. Sous la Troisième République déjà, des liens se tissent entre les facultés, le tissu local. Les communes, les départements, des entreprises, des sociétés savantes nouent des relations avec les facultés, financent des enseignements, des recherches et espèrent en échange une dynamisation et une modernisation de leurs activités. Il s’agit ici de proposer une synthèse de ces relations entre un système universitaire encore très marqué par la centralisation napoléonienne et les initiatives locales nombreuses qui permettent de « teinter » les enseignements et les recherches de manières différentes selon les territoires.