L’influence des habitudes de jeu et du milieu socioculturel sur les performances en mathématiques. Étude auprès d’enfants sénégalais et martiniquais.
Résumé
Les mathématiques, et en particulier le calcul mental, représentent une part capitale de notre quotidien. Le développement du sens du nombre et des opérations ainsi que les automatismes de calcul sont recommandés dès les premières années de l'école primaire (Ministère de l'Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports, 2018). En effet, cette période est reconnue comme primordiale pour le développement des habiletés mathématiques sous-jacentes au calcul mental (i.e. comptage, connaissance des faits arithmétiques, connaissances procédurales, Butterworth, 2005; von Aster, 2000). L'acquisition précoce de ces habiletés semble liée à la future réussite académique et
professionnelle des élèves (Aunio & Niemivirta, 2010; Duncan et al., 2007; Mejias et al., 2019). Il s’agit donc d’un enjeu politique et social important et des études ont mis en évidence de moins bonnes performances mathématiques chez les enfants issus de milieux socio-économiques, -scolaires ou -culturels faibles (Jordan et al., 2006; Jordan & Levine, 2009; Mejias & Schiltz, 2013). On sait aussi que la pratique au domicile d’activités ludiques centrées sur les mathématiques prédit les compétences en calcul
des enfants d'âge préscolaire et du primaire, à condition qu’elles soient suffisamment formelles et que les interactions avec les aidants soient de qualité (Daucourt et al., 2021).
La présente étude s’inscrit dans le cadre du projet pluridisciplinaire Africa 2020, dont l’objectif principal est la modélisation des mécanismes mentaux et des artefacts culturels qui concernent le calcul mental, en fonction des environnements socioculturels de la Martinique et du Sénégal. Le projet propose une approche culturelle du calcul mental via une analyse comparée des conceptions en Afrique et en France. Son but est de proposer des moyens pour améliorer les performances des élèves en calcul mental, en co-construisant des outils pédagogiques adaptés aux deux cultures.
(3000 élèves) , ont pris part à des épreuves collectives de calculs (i.e. dictée de nombres, comparaisons de nombres, calculs lacunaires et calculs rapides ; Mejias et al., 2019). Des questionnaires ont également été transmis aux enseignants (13 en Martinique et 60 au Sénégal), parents et élèves (60 au Sénégal et 60 en Martinique). L'objectif de ces questionnaires est de recueillir des données sur la manière d'enseigner le calcul mental dans les deux régions, sur la façon dont les parents perçoivent les compétences mathématiques de leurs enfants, sur l'intérêt des enfants pour ce domaine et la manipulation au domicile de jeux utilisant le calcul. Dans la présente étude, nous nous focalisons sur l'influence des habitudes de jeu et du milieu socioculturel (i.e. les méthodes d'enseignement) sur les performances des enfants. Avec pour objectifs de pouvoir (1) se positionner par rapport aux liens entretenus entre les types de stimulations reçues au domicile et les performances mathématiques réelles des enfants, et (2) étudier l’impact de ces stimulations au travers de la scolarité de l’enfant (du CP au CM2), en regard des spécificités du milieu socioscolaire (zone prioritaire ou non) et socioculturel.
Les premiers résultats montrent que les élèves aiment de moins en moins les
Mathématiques tout au long de leur cursus à l’école primaire. Nous apprenons aussi que les enseignants en éducation prioritaire ont un plus grand sentiment de compétence dans leur enseignement des Mathématiques qu’hors éducation prioritaire. Nous entendons par cette étude contribuer à l’amélioration des résultats en calcul mental en dégageant des pistes favorables (particulièrement en éducation prioritaire), au niveau pédagogique mais aussi hors de la classe.