Vers un modèle structural explicatif de l’épuisement par le harcèlement moral au travail via les soutiens sociaux travail/famille
Résumé
A long-lasting, repetitive form of violence based on a synergy of actions (Desrumaux, 2011; Hirigoyen, 1998; Leymann, 1990), moral harassment at work or workplace bullying (WB) is accompanied by a lack of support at work, silence and destructive consequences. Workplace bullying (Einarsen, Hoel, Zapf, & Cooper, 2011) aims to reduce solidarity, isolate people and psychologically abuse or terrorize them. These practices, exacerbated by financial management and a quest for gain, lead to burnout (Desrumaux, Gillet, & Nicolas, 2018) as well as risks of acting out (Nicolas, et al., 2016). Emotional exhaustion is widespread among social workers, but research on the link between burnout and harassment is truly deficient. The aim of this study was to test a SEM-type model by investigating the mediating role of harassment in the relationship between several forms of support (family and friends, colleagues and hierarchy) and emotional exhaustion. A self-reported questionnaire (cross-sectional design) was submitted to 369 social workers in France (Hauts de France region). Our results validated a structural equation model (PLS) in which social support (family-friends) and support from colleagues and hierarchy contribute distinctly to reducing emotional exhaustion in social workers. Support from colleagues and superiors is both directly linked to burnout, and indirectly via moral harassment. Social support (family-friends) is only directly linked to burnout. Contrary to our hypotheses, social support (family-friends) has no indirect effect on WB. WB is strongly and positively associated with burnout. Policies and practices in social work institutions need to train professionals and managers to spot these risks and prevent them, and encourage all forms of support by increasing spaces for informal exchanges.
Forme de violence durable, répétitive, basée sur une synergie d’agissements (Desrumaux, 2011; Hirigoyen, 1998; Leymann, 1990), le harcèlement moral au travail (HMT) s’accompagne d’une absence d'aide au travail, de silence et a des conséquences destructrices. Le HMT (Einarsen, Hoel, Zapf, & Cooper, 2011) vise à réduire les solidarités, à isoler les personnes et à les maltraiter ou les terroriser psychologiquement. Ces pratiques, exacerbées par les managements financiers et une recherche de gain, entrainent un épuisement professionnel (Desrumaux, Gillet, & Nicolas, 2018) ainsi que des risques de passage à l’acte (Nicolas, et al., 2016). L’épuisement émotionnel est répandu parmi les travailleurs sociaux mais la recherche sur le lien entre burnout et harcèlement est réellement carencée. L’objectif de cette étude était de tester un modèle de type SEM en étudiant le rôle médiateur du harcèlement dans la relation entre plusieurs formes de soutien (famille et amis, collègues et hiérarchie) et l’épuisement émotionnel.
Un questionnaire auto-rapporté (devis transversal) a été soumis à 369 travailleurs sociaux en France (Région Hauts de France).
Nos résultats ont permis de valider un modèle d’équation structurel (PLS) dans lequel les soutiens sociaux (famille-amis) et les soutiens des collègues et de la hiérarchie contribuent de façon distincte à réduire l’épuisement émotionnel des travailleurs sociaux. Le soutien des collègues et de la hiérarchie est à la fois directement lié à l’épuisement mais aussi indirectement via le harcèlement moral. Le soutien social (famille-amis) est uniquement directement lié à l’épuisement. Contrairement à nos hypothèses, le soutien social (famille-amis) n’a pas d’effet indirect sur le harcèlement. Le harcèlement est fortement et positivement associé à l’épuisement. Les politiques et pratiques dans les institutions de travail social doivent former les professionnels et cadres au repérage de ces risques et à leur prévention et, encourager toutes les formes de soutien en augmentant les espaces d’échanges informels.