Un rythme irrésistible : attraction et mimétisme corporel aux sources du dispositif cinématographique
Résumé
This essay tackles a well-known motif in many early film comedies, in which a “contagious” movement, associated with a new dance craze, is transmitted mimetically from person to person. While this has already been addressed from the perspective of pathology, this “unconscious imitation” phenomenon can also be related to the “dispositif” of cinema itself, as well as to the perceptual mechanisms of the spectator’s experience, as is revealed by studying theories of bodily rhythm around 1900. This approach highlights issues that are less related to trauma than to questions of power, thus contributing to a reflection on the historical uses and the theoretical concepts of the notion of attraction.
Cet essai revient sur un motif bien connu du premier cinéma comique, où un mouvement d’ordre « contagieux », associé à de nouvelles formes de danse, se transmet mimétiquement d’un personnage à un autre. Déjà envisagé sous l’angle des pathologies, ce phénomène d’« imitation inconsciente » renvoie aussi au dispositif spectaculaire lui-même, ainsi qu’à des mécanismes perceptifs propres à l’activité des spectateurs, ce que révèle la prise en compte des conceptions du rythme corporel autour de 1900. Cette approche met en avant des problématiques moins liées aux traumatismes qu’à des enjeux de pouvoir, contribuant de ce fait à une réflexion sur les usages historiques et les conceptions théoriques de l’attraction.