Décrypter les logiques historiques à l’œuvre en matière de protection sociale au Maghreb au cours de la domination française ? Quelques outils d’analyse
Résumé
This paper examines the question of how the first social protection systems were set up in the Maghreb. One of the pitfalls of such an undertaking lies in the fact that French domination was exercised according to different temporalities and modalities, from 1830 for Algeria, 1881 for Tunisia, and 1912 for Morocco.
The singularity of departmentalized Algeria thus appears to be a constant in comparison with the two protectorates of Tunisia and Morocco, whose administrations remained under the control of the French authorities for a long time, beyond the fiction of internal autonomy maintained by treaties in the case of Tunisia and Morocco. Although Algeria was better covered by an earlier and more comprehensive system of social benefits than its neighbors, after more than a century of French presence it still lags significantly behind mainland France in terms of social protection.
Cette contribution interroge la question de la mise en place des premiers dispositifs de protection sociale au Maghreb. L’un des écueils à la conduite d’une telle entreprise tient au fait que la domination française s’est exercée selon des temporalités et des modalités différentes, à partir de 1830 pour l’Algérie, de 1881 pour la Tunisie, et de 1912 pour le Maroc. La singularité de l’Algérie départementalisée apparaît ainsi comme une constante par rapport aux deux protectorats de la Tunisie et du Maroc dont les administrations demeurent longtemps sous le contrôle des autorités françaises, au-delà de la fiction de l’autonomie interne entretenue par les traités en ce qui concerne la Tunisie et le Maroc. Mieux couverte par un régime de prestations sociales plus précocement mis en place et plus complet que celui de ses voisins, l’Algérie n’en accuse pas moins, après plus d’un siècle de présence française, d’un décalage significatif avec la Métropole en matière de protection sociale.