Esthétique de l'obscène et politique de l'immonde dans Ice d'Antoine d'Agata
Résumé
« The double meaning of the latin word mundus points an essential connection : as a noun, it means « world », as an adjective, it means « clean ». The french word « immonde » designates something which doesn’t deserves to be a part of the world [...] » (Julia Peker, « Le spectacle de l’immonde : l’interdit katien », Le Philosophoire, 2008). The etymological double meaning of the word « immonde » provides a first identification of the photoliterary art of Antoine d’Agata ; an art which wants to make visible those who are and what is invisible, because they aren’t considered as a part of the world. This representation rests on aesthetic of obscene : it offends (and perhaps revolts) those who experiences the « immonde » and its « raw presence where the real is showed off » (Julia Peker, op. cit.). What are the issues of this obscene monstration of this « immonde » in Antoine d’Agata’s work ? Analyzing Ice (2012), which represents the shallows of our society and which is interested in the subcutaneous world (mucous, veins, nerves, etc.) this article discloses the link between aesthetic of obscene and politic of the « immonde », whose the coincidence allows the reconfiguration of the body’s regime of visibility
« Le double sens du mot latin mundus jette les bases d’une connexion essentielle : en tant que nom il signifie « monde », en tant qu’adjectif, « propre ». L’immonde est littéralement ce qui ne fait pas monde […] ». (Julia Peker, « Le spectacle de l’immonde: l’interdit kantien », Le Philosophoire, 2008). Le double sens étymologique du mot immonde permet une première caractérisation de l’art photolittéraire d’Antoine d’Agata ; un art qui veut rendre visibles celles et ce que l’on invisibilise, le statut de « ce qui fait monde » leur étant refusé. Cette représentation de l’immonde repose sur une esthétique de l’obscénité: elle offense (voire révolte) le regard qui fait l’expérience de l’immonde et de sa « présence brute où s’exhibe le réel » (Julia Peker, op. cit). Quels sont les enjeux de la monstration obscène de l’immonde chez Antoine d’Agata? En analysant Ice (2012), qui prend pour sujet les bas-fonds de la société et s’intéresse au monde sous-cutané (muqueuses, veines, nerfs, etc), cet article met au jour ce lien entre esthétique de l’obscène et politique de l’immonde, dont la coïncidence permet de reconfigurer le régime de visibilité du corps.