Contorsion : histoire de la souplesse extrême en Occident XIXe-XXIe siècles
Résumé
This book is a contribution to the history of the body in contemporary times. It explores contortion both as an acrobatic art form and as a social performance. In the 19th century, contortionists (mainly men) became famous with animal pantomimes. They were then considered as freaks. During the 1920s, these “boneless wonders” became known as “contortionists”, and were increasingly considered as athletes and sportsmen. By the mid-20th century, more and more women contortionists became famous. They inspired painters and filmmakers, and their use of their body testified to a progressive and paradoxical liberation of women, through which female image was altogether eroticised and autonomised. Flexibility aroused aesthetic, commercial and social interest. Since the 1980s, contortionists have made their way onto theatre and opera stages, in advertisements, fashion shows, TV programs and social networks. The over-the-top performance model, however, has been increasingly criticized as artists insist on evolving in their art while preserving their body. Moreover, flexibility has become an envied and popular quality in different arts and practices (such as pole dance and yoga).
Contribution à une histoire du corps à l’époque contemporaine, l’ouvrage explore la contorsion à la fois comme art acrobatique et comme geste sensible. Au XIXe siècle, les numéros des « disloqués » consistent en des pantomimes animalières, interprétées majoritairement par des hommes, perçus comme des quasi-phénomènes. Dans les années 1920, le terme de « contorsionniste » se diffuse : il suppose une gestualité plus active et plus athlétique que celle des « désarticulés » ou « désossés ». Au milieu du XXe siècle, la contorsion se féminise, se dénude et s’érotise, signe d’une mutation anthropologique plus vaste : le sexe faible se transforme en sexe souple. Avec la libération des mœurs, la souplesse suscite un intérêt esthétique, commercial et social. Les contorsionnistes se frayent une place sur les scènes institutionnelles, dans les publicités, les défilés de mode, les émissions télévisées et les réseaux sociaux. Le modèle de la performance à outrance est critiqué au profit d’un désir de durer et de faire évoluer son art en préservant son corps, mais aussi d’une diffusion de la « souplesse pour tous ».