JO politiques. Sport et relations internationales
Résumé
Spécialiste de la géopolitique contemporaine et directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), Pascal Boniface nous livre ici sa lecture de l’histoire des Jeux olympiques, via le prisme habituel des relations internationales, à la veille de la désignation par le Comité International Olympique (CIO) de la ville hôte des Jeux de 2024, comme le rappelle Denis Masseglia, président du CNOSF, dans la préface de l’ouvrage. Si l’auteur se propose d’interroger l’apolitisme des Jeux en soulignant d’emblée que le CIO a toujours été maître de ses choix, avançant la thèse connue de l’autonomie du champ sportif par rapport aux pouvoirs politiques, et ce indépendamment des périodes, l’architecture retenue pour étayer la démonstration aboutit de fait à un plaidoyer pro domo, qui ne surprendra guère. L’histoire des Jeux est ici abordée de manière chronologique, avec parfois quelques incises thématiques, pour mieux rappeler les singularités et faits saillants de chaque olympiade, sous l’angle des relations internationales et d’une contextualisation a minima, qui peut certes contenter le profane, mais laisse assurément l’historien du sport sur sa faim, tant la relation des événements est connue. Il est d’ailleurs dommage que la bibliographie mobilisée par l’auteur n’intègre pas des ouvrages récents qui précisément permettent de revisiter telle ou telle olympiade (à titre d’exemple, les Jeux de Berlin ne prennent pas en compte les récents apports de Florence Carpentier sur l’attitude du CIO ou de Daphné Bolz sur l’organisation desdits Jeux). L’histoire commence donc en Grèce en 1896, où les Jeux permettent de renforcer le sentiment national, là ils se dérouleront dans une indifférence générale quatre années plus tard à Paris. La période d’avant-guerre étant celle d’une structuration et internationalisation progressives d’une compétition qui s’affirme dès 1920 comme un lieu privilégié d’affrontement entre les nations, reflet des relations internationales de l’entre-deux-guerres (exclusion des pays jugés responsables de la guerre à Anvers, retour de l’Allemagne en 1928 à Amsterdam, échecs des tentatives de boycott des Jeux de Berlin). Le second Vingtième siècle confirme cette dimension spéculaire des Jeux, passés les Jeux de la reconstruction de Londres en 1948 : Jeux de la guerre froide (Helsinki, 1952), Jeux de Melbourne (1956) qui accueillent Taiwan et marquent l’isolement diplomatique de la Chine, Jeux de Rome (1960) qui consacrent la suprématie sportive des athlètes d’État de l’Union soviétique, Jeux de Mexico (1968) sur fond de massacre des étudiants place des Trois Cultures, tragédie de Munich en 1972, réciprocité du boycott à Moscou (1980) et Los Angeles (1984), percée des pays du Sud-Est asiatique avec l’attribution des Jeux à Séoul (1988), etc. Longue litanie connue qui se termine par les olympiades du temps présent (Sydney, Athènes, Pékin puis Londres), l’auteur réussissant le tour de force intellectuel de considérer que l’attribution à la Chine des Jeux de 2008 constituait un moindre mal, dans la mesure où cet État, jadis totalitaire, s’était mué en pays autoritaire… Au final, un ouvrage sans surprises, et ce d’autant qu’il se termine par une présentation de l’IRIS et de son « observatoire stratégique du sport ».