Cet article s'intéresse à la définition de la notion de « produit » dans la théorie économique et au rôle donné aux caractéristiques des produits à partir de cette définition. La définition du « produit » repose sur des critères permettant de distinguer les « produits » des « non-produits » (par exemple la mesurabilité, la divisibilité, la transférabilité ou la rareté) ainsi que sur un critère permettant de distinguer les « produits » entre eux, en l'occurrence la perception de l'interchangeabilité des unités de chaque produit par les agents. Cette définition est compatible avec la définition mobilisée dans certains pans de la théorie économique, dans lesquels les produits sont distingués à partir de la valeur de leurs caractéristiques, c'est-à-dire sur la base de leurs différences. C'est notamment le cas dans la théorie de l'équilibre général concurrentiel de Debreu (1966). Pourtant, dans cette théorie, même si les caractéristiques sont explicitement mentionnées dans la définition des produits, ces caractéristiques n'ont pas à être identifiées et ne jouent aucun rôle dans la détermination du prix et de la quantité d'équilibre sur chaque marché. Cette idée s'applique également au monopole pur, à l'oligopole de Cournot, à l'oligopole de Bertrand ou encore à la concurrence pure et parfaite. Dans ce cadre, cet article étudie les deux hypothèses qui permettent à la théorie économique de ne pas avoir à engager une discussion sur les caractéristiques des produits, y compris lorsque les produits sont définis sur la base de leurs caractéristiques : l'hypothèse de nomenclature et l'hypothèse d'homogénéité. L'étude de ces deux hypothèses permet de mieux comprendre le rôle donné aux caractéristiques des produits dans la théorie économique, qu'elles soient présentes ou absentes de l'analyse.