Des pratiques pédagogiques en contexte : l’exemple de la scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers
Résumé
Les sociétés occidentales contemporaines mettent de plus en plus en
avant des préoccupations humanistes en particulier concernant la
considération et l’inclusion des personnes vulnérables. La déclaration
de Salamanque en 1994 (UNESCO) adoptée par 92 pays et
25 organisations internationales a probablement été un tournant majeur
de cette mutation. La question de l’inclusion se pose dans les différentes
strates de la société : professionnelle, culturelle, scolaire, etc.
L’inclusion, dans le cadre scolaire, vise à « contrecarrer les différents
processus d’exclusion en cours à l’école et d’inscrire son projet dans
une volonté affirmée d’éducation pour tous les élèves » (Prud’Homme,
Duschesne, Bonvin & Vienneau, 2016 : 15). L’inclusion scolaire exige
donc des enseignants qu’ils adaptent leurs supports et leur pédagogie
aux besoins des élèves pour favoriser l’acquisition des compétences. En
effet, avec des indicateurs du décrochage scolaire certes à la baisse
(CNESCO, 2017) mais avec encore 100 000 jeunes sortant chaque
année du système scolaire sans diplôme (chiffres de la rentrée 2015),
parvenir à inclure tous les élèves sans distinction et garantir la réussite
de toutes et tous demeure une nécessité.
De nombreuses mesures législatives et réglementaires – spécifiques
à l’école ou non – soutiennent les politiques éducatives inclusives et
imposent l’inclusion scolaire comme étant la norme dans les
établissements du premier, du second degré et de l’enseignement
supérieur. Les effets de ces politiques sont notables sur le nombre
d’élèves en situation de handicap scolarisés en classe ordinaire. Selon
les chiffres de la DEEP, de 2006 à 2022, leur nombre aura doublé. La
mise en place du paradigme inclusif, aujourd’hui majoritairement
acceptée en particulier par les enseignants (van Steen & Wilson, 2020),
a cependant été le fruit d’un long processus. Le développement de la
littérature scientifique sur les processus d’apprentissage des élèves et
les pratiques adaptées, les cadrages nationaux sur la formation initiale
et continue des personnels éducatifs ont favorisé le développement de
pratiques professionnelles inclusives transférables à diverses situations
pédagogiques. Seulement, certaines spécificités du contexte d’exercice
des enseignants (âge des élèves, type de handicap, composition des classes de référence, politique inclusive des établissements, etc.)
amènent les enseignants à procéder à des ajustements locaux
nécessaires, voire indispensables à la mise en place de ce nouveau
paradigme. Dans cet article, nous tenterons de montrer que, même si
l’inclusion peut être soutenue par des gestes professionnels adaptés
« génériques » à tous les enseignants et à tous les élèves, il est important
de considérer certaines spécificités liées au contexte. L’angle choisi est
celui de la psychologie sociale. Plus précisément, nous nous attarderons
sur l’effet des stéréotypes selon les élèves inclus et le niveau de la classe
de référence sur les gestes inclusifs des enseignants.