Un patrimoine disputé : Le visible et l’invisible dans les mémoires des mines en Afrique du Sud
Résumé
Un patrimoine disputé :
Le visible et l’invisible dans les mémoires des mines en Afrique du Sud
L’ère du « tout-patrimoine » semble désormais avoir laissé la place à celle du paradigme de « l’omnipatrimonialisation fragile » (Gravari-Barbas, 2014) ou encore à celle de la « dé-patrimonialisation » (Bertrand et Bielawski, 2022) qui questionnent les mémoires et les patrimoines dans leurs processus
Le changement de régime en Afrique du Sud, avec la fin de l’apartheid, constitue ainsi un observatoire majeur « des blancs, des absences, des rejets ou des silences » et « des patrimoines potentiels restés invisibles » qui surgissent, alors que d’autres restent invisibilisés. La mise en miroir de deux terrains anthropologiques, l’un à Springs, dans une communauté afrikaner qui a créé sur ses propres fonds un « Mine and Military Museum » et l’autre dans la mine de platine de Marikana où la volonté des mineurs survivants de sacraliser la colline où furent massacrés leurs collègues en grève en 2012 est mise en échec par les rapports de pouvoir locaux illustre une dialectique de visibilisation/invisibilisation de la question minière en Afrique du Sud. En résonance avec un passé douloureux, un présent difficile et un futur de pacification devenue utopique, le patrimoine minier constitue un prisme majeur pour regarder le pays à l’époque contemporaine.
Ces patrimonialisations seront regardées ici par rapport à des groupes « minoritaires » (Morovich 2022) définis à la fois comme « dominés » (V. Veschambre, 2009), « alternatifs » (S. Cousin et alii, 2015), « ordinaires », ou « silencieux » (H. Hatzfeld, 2015). La notion de patrimonialisation « incertaine » (Guinard et Morovich 2019) permettra d’interroger leur fragilité.