Les pratiques et les discours politiques et institutionnels autour des « formules »1 de développement durable, d’agenda 21 et de décroissance exprimées - ou non - dans les nombreux supports de communication institutionnelle de la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD) sont l’objet de cette contribution. Nous proposons de lire la profusion de la formule développement durable et la prégnance de la matérialité dans sa communication en matière environnementale comme des tentatives de conciliation des préoccupations économiques (grises) et écologiques (vertes). Le développement durable et notamment les actions matérielles que la population peut éprouver ou mettre en œuvre directement et semblent visiblement saturer l’espace public et contribueraient ainsi à conjurer la critique notamment celle contestant plus particulièrement la doxa de la croissance. Ce mécanisme contribue à expliquer la relative atonie locale des débats écologiques au-delà de la simple évocation des difficultés économiques et sociales et des horizons électoraux. En contrepoint des travaux de recherche centrés sur les « arènes d’engagement public » (Cefaï, Trom, 2001) où un discours critique de justification écologique est co-construit par les différents acteurs en présence par-delà leurs intérêts respectifs et les stratégies de légitimation qui en découlent, nous proposons un travail centré sur les discours et les stratégies de communication descendante – voire pastorales – des acteurs institutionnels en matière de choix de développement territorial.