Indicateurs et récits dans le nouveau management des universités
Résumé
L'article propose une description et une analyse d'un aspect de la crise communicationnelle que connaissent les universités européennes et parmi elles particulièrement les universités françaises depuis que les autorités politiques européennes et nationales les soumettent au «processus de Bologne». Il s'attache particulièrement aux procédures dites «d'évaluation» et plus largement à l'ensemble des procédures de normalisation et d'unification du système européen d'enseignement supérieur. Celles-ci s'appuient sur l'action d'institutions créées ad hoc par les autorités politiques et qui se sont substituées aux systèmes et usages traditionnels par lesquels les universités et les universitaires géraient jusqu'ici de manière, au sens propre, «autonome» leur fonctionnement, la profession d'universitaire, la production, la discussion et la publication des savoirs. Ces institutions imposent de fait un mode de production et de gestion des savoirs sur les universités et, partant, un mode de pilotage des universités qui crée une nouvelle donne institutionnelle, culturelle, économique et sociale. La démarche d'analyse et de description s'appuie sur l'analyse de situations en observation participante, croisée avec l'analyse de documents affichés par les institutions émergentes. Elle situe ce phénomène qui affecte l'espace universitaire dans le cadre plus vaste de « l'innovation institutionnelle», caractéristique des réformes, à l'ère du « Nouveau Management Public ».