La « raison rhétorique » de l’éducateur de la Protection judiciaire de la Jeunesse. Vers une nouvelle expertise de l’écrit en formation
Résumé
La Protection judiciaire de la Jeunesse est une sous-direction du Ministère de la Justice prenant en charge essentiellement des mineurs ayant commis des délits. Le premier axe du projet stratégique national, dans lequel s’inscrit la mission de l’éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse, concerne « l’aide à la décision du magistrat. » Il s’agit pour la PJJ d’apporter des informations sur le mineur et son environnement, de mener des investigations, d’émettre des préconisations... L’écrit, la mise en rapport devient l’outil essentiel du travailleur social pour répondre à cette mission. Ecrire sur un jeune ou une situation ne sert plus uniquement un intérêt de visibilité de l’expertise éducative, un témoignage de la prise en charge, un rendu-compte du regard posé et du travail accompli. Ecrire s’inscrit dans l’acte éducatif même et dans l’inscription de cet acte dans la prise en charge, sinon pénal, au moins judiciaire de la situation du jeune. Au sein du dispositif national de formation, le dispositif pédagogique opère un tournant identitaire avec ce qui correspondait auparavant à un modèle unique de l’écriture dite clinique. Ce modèle s’ouvre sur, ce qu’Emmanuelle Danblon a nommé, une « raison rhétorique »1 où l’écriture ethnographique viendrait enrichir la professionnalité de l’éducateur et répondre aux exigences d’une aide à la décision du magistrat de plus plus présente et pressante. Ainsi, le registre narratif viendrait enrichir et renforcer toutes pratiques argumentatives et d’expertises.