Il était une voix... - Université de Lille
Article Dans Une Revue Les Cahiers de la SFSIC Année : 2015

Il était une voix...

Résumé

Hommage à Geneviève Jacquinot-Delaunay : une voix qui porte, des paroles - et des actes - qui sont des compagnons de pensée. Une voix énergique, qui de séminaire en séminaire, impulse un rythme, et communique le goût de la recherche et le plaisir de débattre : les échanges parfois vifs, mais toujours constructifs, les grandes théories y sont mises à l’épreuve du terrain. Une voix vibrante et chaude qui sur un mode plus personnel, se plaît à échanger autour des derniers spectacles vus au théâtre et surtout à l’opéra, ou de nos récents voyages en terres lointaines, qu’il s’agisse de colloques ou de loisirs. Une voix qui se voile quelque peu avec le temps, mais qui garde toute sa pugnacité quand il s’agit de porter un regard sur les grandes questions qui font débat, comme lors de la conférence à l’ENS de Lyon en 2013, autour de la question de l'éducation aux médias et à l’information et des cultures informationnelles. Saluant d’entrée les gens de terrain, elle y plaide avec des mots simples et directs, pour une vraie recherche, « une recherche qui s’interdit définitivement de poser des faux problèmes ». Il est des voix qui portent, des paroles - et des actes - qui sont des compagnons de pensée, au-delà des rencontres en présentiel. L’autorité de Geneviève, l’empreinte laissée par ses idées auprès des chercheurs de tous horizons, en France et à l’international, peut sans doute s’expliquer, dans un monde de la recherche très cloisonné, par les liens originaux qu’elle a su tisser autour de ses objets de recherche, établissant des ponts entre Sciences de l’Information et de la Communication et Sciences de l’Education, questionnant les médias anciens et nouveaux, participant à l’élaboration de théories multiréférencées. « J’aime les débuts, et quand ça commence à ronronner, je vais ailleurs… » déclare-t-elle au cours de l’entretien réalisé pour Canal-U avec Jacques Wallet et Françoise Thibault. Cependant, pour celle qui a vécu l’expérience fondatrice de Marly Le Roi, les technologies éducatives et les médias constituent un fil conducteur fort de ce qu’elle appelle « les recherches à entreprendre ». Sa référence, déjà ancienne, à « l’école parallèle », idée empruntée à Georges Friedmann, prend une résonance nouvelle aujourd’hui : « Qu’on le veuille ou non, des gens, massivement, apprennent des médias. Ce qu'il est urgent de savoir, c'est ce qu'ils apprennent, comment ils apprennent, et si l'on ne pourrait pas les aider à apprendre mieux.[…] Question fondamentale qui ouvre la voie à un nouveau rôle des médias dans l'éducation : non plus « fenêtre ouverte » sur le monde, mais plutôt nouvelle façon de penser le monde » . Les nouveaux médias ne sont plus des « objets exotiques ». Les événements de janvier 2015 montrent avec force la nécessité, comme elle y invite dans deux articles récents, de ne pas se tromper sur les conditions de vie et d’apprentissage du citoyen du XXIe siècle et de prendre au sérieux les médiacultures des jeunes. « Le problème […] est moins de renouveler l’éducation aux médias que de repenser l’éducation et le système éducatif, en tenant compte des bouleversements entraînés par le nouveau contexte à la fois social et médiatique ». C’est bien le sens du défi à relever selon elle, qui oriente vers un changement d’échelle, attentif à une compréhension plus globale de la situation actuelle, pour initier une « éducation enrichie », pensée comme une action politique au service d’une « autonomie critique » . Face à une réalité évolutive, face aux lenteurs, aux résistances et/ou à la capacité de tout système à absorber les innovations pour les couler dans les moules préexistants, ces réflexions sont plus que jamais d’actualité aujourd’hui.
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  • HAL Id : hal-01413583 , version 1

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Yolande Maury. Il était une voix.... Les Cahiers de la SFSIC, 2015, 11, p. 22-24. ⟨hal-01413583⟩
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