Une polémique tragique : le second volet de l'Ajax de Sophocle
Résumé
The dispute over Ajax's burial has wrongly been criticized as irrelevant and undramatic. In fact, it increases the tragic of the play, because a collective drama is added to the individual one : the nature of the hero does not succeed in being really integrated by a society which will however give him a cult. The verbal struggle leads to a total loss. The Atridae's useless words show that the traditional authority, whether it is founded on fear or on an apparent justice, is not able to assume an individuality which is abnormal but very actual and worthy of recognition, so that their credibility and their identity are seriously spoiled by this check. The restoration of Ajax's honour by Odysseus is based on completely relativistic values and is just a formal reply to the specific problem which is set by the huge hero. As for Ajax himself, the kleos which is given to [384] him is the contrary of all that for the sake of which he is dead. This glory is not the result of a natural consensus, but it is conceded to him by his worst enemy, who grounds it on the acceptance of an idea always rejected by him : human nothingness. Therefore, the apparent peace which closes the tragedy does not hide the completeness of the disaster.
Loin d'être, comme on l'a souvent pensé, une discussion mal venue dans une tragédie qui aurait pu se clore sur le suicide d'Ajax, le conflit soulevé par l'ensevelissement du héros redouble le tragique de la pièce. Le drame individuel se double d'un drame collectif en révélant une société dont le discours ne parvient pas à intégrer de manière adéquate la nature du héros qu'elle va pourtant honorer. Les propos inefficaces des Atrides montrent que l'autorité traditionnelle, qu'elle repose sur la peur ou sur une justice toute apparente, ne peut rendre compte d'une individualité hors norme mais bien réelle, et digne d'être reconnue. Leur identité de chefs est elle-même sérieusement entamée par cet échec. Ulysse résout l'aporie au prix d'une relativisation de toutes les valeurs qui n'apporte au problème particulier posé par Ajax qu'une solution formelle. Ajax, lui, meurt une seconde fois, car l'honneur qui lui est concédé nie tout ce pour quoi il est mort. Cette gloire n'est pas le fruit d'un consensus naturel, et elle lui est accordée par son pire ennemi, qui la fonde sur l'acceptation de l'altérabilité et de la légèreté humaine : or Ajax s'était suicidé précisément parce qu'il refusait une telle conception du monde. L'apparent apaisement final parvient donc mal à cacher que le désastre est complet.
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