Des pratiques dites philosophiques émergent dans l'école primaire française, depuis une quinzaine d'années. En l’absence d’une discipline scolaire philosophie instituée à l’école primaire, en l’absence d’une didactique de la philosophie constituée, à propos de l’enseignement de la philosophie en Terminale, la philosophie étant une discipline scolaire inscrite aux programmes de l’enseignement secondaire, l’identité de ces pratiques dites philosophiques pour l’école primaire interroge. Relève-t-elle de la construction d’une discipline scolaire ou bien pas et, si tel n’est pas le cas, à quoi ces pratiques puisent-t-elles leur identité et comment la construisent-t-elles ? On en propose une étude didactique, qui porte sur leurs contenus (savoirs, savoir-faire, rapports à, ...) et leurs sources, c’est-à-dire qui pose la question de leur référence et de la fabrique d’un enseignable. On examine un corpus composé de recommandations de pratiques, celles de Lipman et celles de Tozzi et de transcriptions de séances, limité à deux classes de cycle 3, un CM2 et un CM1-CM2. Les résultats manifestent des difficultés à inscrire les pratiques dites philosophiques dans l’horizon de la construction d’une disciplinaire scolaire, qui interroge sur leur capacité à s’imposer durablement à l’école.