L’écoute est-elle un objet de travail dans des pratiques de débat philosophique en cycles 1 et 2 de l’école primaire française ? Une étude didactique
Résumé
Des pratiques dites de débat philosophique se développent à l'école primaire française, depuis une quinzaine d'années. L’efficacité de ces pratiques fait ici l'objet d'une étude didactique, sous la présupposition qu’on met en jeu un genre de l’oral, orienté par des visées d'apprentissage, notamment de travail langagier et cognitif. L’attention porte spécifiquement sur la dimension de l’écoute. La prise en compte de la dimension sociale et interpersonnelle de l’écoute permet d’éclairer la question d’apprentissages autour de la socialisation. Celle de la dimension cognitive de l’écoute, comme possibilité d’articuler plusieurs points de vue, pour construire un espace de significations partagées sur le mode de la coopération ou de la confrontation, permet de rendre compte de l’efficacité de la discussion. Les analyses portent sur un corpus de six transcriptions de séances observées des cycles 1 et 2. Les résultats montrent que la préoccupation de l’écoute et de son travail va de pair avec un certain éloignement du cours dialogué, un encouragement à l’autonomie des échanges des élèves entre eux et qu’elle influence favorablement la dynamique discursive : l’ensemble de l’interaction fait alors alterner des enchaînements d’énoncés de même niveau et de niveau différent et permet un enrichissement du champ notionnel.